Titre: La vie quotidienne dans les garnisons romaines du désert
Lieu: Auditorium du Musée Fabre / Montpellier
Catégorie: Séminaires, conférences
Date: 15.05.2013
Heure: 18.30 h - 19.30 h
Description:
Information signalée par Marie-Karine Lhommé
La vie quotidienne dans les garnisons romaines du désert Oriental d'Égypte
Hélène CUVIGNY
Directeur de recherche, CNRS, Institut de Papyrologie de Paris IV
Les empereurs romains ont laissé une marque profonde dans le désert Oriental d'Égypte, ouvrant des carrières et favorisant la route égyptienne du commerce érythréen dont le tronçon terrestre reliait la mer Rouge à la vallée du Nil. Le désert s'est ainsi couvert de fortins (praesidia) contrôlant pistes et metalla. Sauf crues des oueds et destructions modernes, leurs dépotoirs ont été conservés jusqu'à nos jours, livrant aux archéologues qui les fouillent depuis 1987 tous les rebuts du quotidien des occupants. Parmi ces détritus, plusieurs milliers d'ostraca grecs et latins, comptes, billets et memoranda divers, tituli sur conteneurs, brouillons, compositions littéraires plus ou moins réussies et surtout lettres privées font revivre jusque dans leur intimité les militaires et les civils qui vivaient dans ces lieux isolés.
MERCREDIS DE L'ANTIQUITÉ 2012-2013
Archéologie et histoire de la maison, du corps, du couple
Cycle de conférences proposé par le Musée des Moulages, le Musée Fabre, le site archéologique Lattara - Musée Henri Prades, la Ville de Montpellier et les Universités de Montpellier
Auditorium du Musée Fabre
18h30 – Entrée gratuite
TERRITOIRES DE L'INTIME
Le cycle des Mercredis de l'Antiquité abordera à l'automne 2012 sa quatrième saison. Les années précédentes, il a été question de la mer (Sous le signe de Neptune, 2011/2012), des technologies (L'aube des techniques et des machines, 2010/2011), des plaisirs de la table et de la sociabilité (Plaisirs des sens, ivresse des arts, 2009/2010).
Le thème de la saison 2012-2013 examinera les rapports que les Grecs, les Romains et les autres peuples des bords de la Méditerranée ont entretenu avec la sphère de l'intime. La sphère publique et politique jouaient, dans la vie des Anciens, un rôle essentiel. On a parlé de sociétés de « face à face » et constaté que la vocation de l'homme était d'abord un être politique, c'est-à-dire placé sous le regard de la cité. Dans ces conditions, quelle place l'intime pouvait-il conserver ? Et l'intimité même était-elle possible ?
Nous souhaitons aborder cette question en privilégiant trois approches :
- la maison comme espace de l'intime (mais une bonne partie des maisons grecques et romaines n'était qu'un espace de transition entre le public et l'intime),
- le corps et ses soins (le parfum, la naissance, la sexualité, mais là encore, le contrôle social n'était jamais absent),
- le couple dans son intimité.
Le Musée Fabre continue à nous accueillir dans son bel auditorium, le mercredi, à 18 h 30 pour une heure de conférence et de discussions.
Notre association avec le cycle de conférences « l'Agora des Savoirs » se traduira par une conférence commune, le mercredi 17 avril 2013. Elle aura lieu à 20 h 30 dans la Salle Rabelais (à côté du Musée sur l'Esplanade)
Mercredi 14 novembre 2012
18h30
Dans l'intimité des colons massaliètes d'Olbia de Provence à la fin du IVe s. av. J.-C.
Michel Bats
Directeur de recherche honoraire du CNRS,
UMR5140 Lattes-Montpellier
La fouille complète d'un îlot d'habitation de la colonie massaliète d'Olbia de Provence a permis de suivre l'évolution des maisons qu'il a abritées de la fin du IVe à la fin du Ier s. av. J.-C. Depuis les lots égaux attribués au moment de la fondation à chaque famille de colons jusqu'à la main-mise d'un riche forgeron sur la maison voisine, on arrive à pénétrer un peu dans les lieux de vie de chaque famille : couloir d'accès, cuisine et annexes, pièces de vie et de réception, ateliers d'artisans. On y a recueilli aussi les objets du quotidien (vaisselle, parures) et les vestiges des consommations d'eau, de vin, de viande, de poissons et de coquillages, de légumes et de fruits.
Mercredi 5 décembre 2012
18h30
Pierre Briant
Collège de France
L'historien d'Alexandre le Grand aujourd'hui :
les apports de la réflexion historiographique
Du vivant d'Alexandre jusqu'à aujourd'hui, la vie, les actions et les pensées du roi macédonien ont été reconstituées et analysées au miroir de préoccupations (successivement) contemporaines. La tentation de l'instrumentalisation a été d'autant plus forte que les sources antiques sont pratiquement muettes sur ses plans et sur sa stratégie de conquête, et qu'elles sont en même temps porteuses d'un mythe, qui s'est élaboré en
phases et en strates qui se répondent d'un pays à l'autre et d'une période historique à l'autre. Plutôt que d'ajouter à la confusion, il revient à l'historien d'aujourd'hui de définir des voies de recherches parfaitement dégagées. L'une consiste à replacer Alexandre dans le contexte de son action, au croisement fécondant de deux champs historiques qui se sont renouvelés profondément au cours de la période récente, à savoir l'histoire macédonienne et l'histoire achéménide. L'autre, en parallèle, est de nature historiographique : faire le tri dans les gloses qui se sont accumulées au cours des âges. La réflexion sur la genèse et l'imbrication des interprétations allège et rafraîchit les dossiers documentaires, et, ainsi, elle incite l'historien à poser en termes nouveaux des questions anciennes et à suggérer des questions nouvelles à partir des dossiers existants.
Mercredi 12 décembre 2012
18h30
Véronique Dasen
(Pr. Dr. en archéologie classique, Fribourg, Suisse)
Comment faire un bel enfant ? Craintes, espoirs et recettes dans l'Antiquité
Depuis l'Antiquité, on pense qu'une mère experte saura faire un bel enfant, et que sa négligence, ou son ignorance, est la cause de tous les maux
du bébé. Des échanges mystérieux se produisent en effet entre la mère et l'enfant qu'elle porte. Ils font peser sur la mère une lourde responsabilité, celle de produire un bel enfant, en bonne santé, semblable à ses parents, surtout à son père…. sans anomalie, ni malformation. Cette conférence explorera les différentes facettes de ces craintes, espoirs et recettes dans l'Antiquité sans négliger l'influence d'autres facteurs, indépendants de la volonté maternelle.
Mercredi 23 janvier 2013
18h30
Catherine Abadie-Reynal
Professeur d'archéologie Université Lumière-Lyon II
La fouille des maisons romaines de Zeugma (Turquie) : vers une archéologie de l'intime
Les fouilles d'urgence ont été conduites pendant cinq ans par une équipe franco-turque sur le site de Zeugma qui était menacé par la construction d'un barrage sur l'Euphrate. Malgré les conditions de travail très difficiles, la nature des vestiges ainsi que la mise en oeuvre de méthodes de fouilles et de traitement du matériel minutieuses ont permis de restituer le fonctionnement le plus intime de ces maisons et son évolution. Pour le montrer, nous prendrons comme fil conducteur le thème du repas : nous nous attacherons à montrer comment les propriétaires des riches maisons ont progressivement organisé le fonctionnement de la partie publique de la maison autour de la pièce consacrée au repas de prestige, le triclinium. Mais nous verrons aussi que, dans beaucoup de maisons, le repas est pris avec des gestes et dans un cadre tout à fait différents, dont les sources écrites ne nous parlent pas, mais que nous pouvons essayer de restituer grâce au matériel céramique. Nous entrerons aussi dans l'intimité des cuisines pour essayer de préciser quels étaient les produits de base utilisés, quelles consistances et quels types de cuisson étaient privilégiés dans les repas au quotidien. Nous montrerons également que les habitudes alimentaires pouvaient évoluer et varier en fonction de la période, de la maison, du quartier, de l'origine sociale du propriétaire...
Mercredi 6 février 2013
18h30
Pierre BRULÉ
Professeur d'histoire grecque retraité
La femme grecque est son utérus
Il faut d'abord lire attentivement Platon dans son Timée : « Lorsque, chez les femmes, ce qu'on appelle… l'« utérus », et qui est un animal (zôion) possédé du désir d'engendrer des enfants, est demeuré stérile longtemps après avoir dépassé l'âge propice, alors cet organe s'impatiente, supporte mal cet état et il se met à errer par tout le corps, obstrue les orifices… et empêche la respiration, jetant le corps dans les pires extrémités, provoque d'autres maladies de toutes sortes » (91 c). Philosophe qui divague, biologie fantastique ? En tout cas, conception commune, générale en son temps du corps féminin qui abrite un animal qui se meut à volonté, qui le met en danger aussi longtemps que les deux sexes n'ont pas « semé dans la matrice » de ces « vivants invisibles » (toujours Platon), seul remède aux tourments du corps féminin improductif. Et de conclure que tout est là, que tout s'explique ainsi, que c'est ainsi que « sont nés les femmes et tout le sexe féminin ». C'est en 1885 que Freud vient voir Charcot à Salpêtrière qui continue à expliquer l'hystérie par l'utérus, en 1893 que Freud s'en séparera par le recours au psychisme, à la libido et tout et tout. Cela faisait donc 2 300 ans que la lecture hippocratique du corps féminin (qui est celle de Platon) avait cours. C'est à celle-ci, menée depuis son centre de gravité utérin, que nous consacrerons cette conférence.
Mercredi 6 mars 2013
18h30
François LISSARRAGUE
Directeur d'études EHESS
Intimité ? Espace féminin dans l'imagerie attique : mises en boîtes
On a longtemps considéré que la maison grecque comportait un espace proprement féminin, le gynécée. Cette fiction archéologique ne résiste pas à l'examen ; ni le mot, ni le lieu n'existent sous une forme aussi nettement marquée. Les représentations figurées ouvrent une autre perspective, que l'on explorera : les femmes sont souvent associées à des boîtes, qui enferment parures et parfums, à des coffres, qui ne contiennent pas que des tissus. Divers mythes reprennent ce motif qui construit une autre image de l'enfermement, sinon de l'intime.
Mercredi 3 avril 2013
18h30
Michel REDDÉ
Directeur d'études EPHE
Alésia et l'art du siège à l'époque romaine
Dans l'art de la guerre antique, le siège d'une place-forte ennemie constitue une fréquente nécessité. C'est pourquoi les Anciens ont, très tôt, développé des techniques militaires propres à cette forme de guerre très particulière et les textes historiques antiques abondent en récits sur ce thème, depuis la Guerre du Péloponnèse racontée par Thucydide (fin du Ve siècle av. J.-C.). De ce point de vue, le siège d'Alésia et son récit, par les soins de César, constituent une illustration parfaite de techniques éprouvées depuis longtemps, et que les fouilles récentes ont pu mettre en évidence. Ces dernières illustrent en même temps l'existence d'un «modèle» bien connu des Romains, ce qui explique largement la manière dont César construit son récit, à la fois technique et apologétique malgré son apparente simplicité, car il conduit à une comparaison implicite avec ses devanciers les plus célèbres, notamment Scipion Emilien, le vainqueur des Numantins. On peut ainsi confronter le texte littéraire du proconsul des Gaules et la réalité du terrain et apprécier ce que ces deux sources différentes nous apprennent sur la pratique de la guerre antique.
Mercredi 17 avril 2013
Conférence partagée avec l'agora des savoirs.
20h30 - espace Rabelais
Il est fortement recommandé de venir une heure avant le début de la conférence
Les parfums dans la Méditerranée antique. Les fouilles archéologiques de parfumeries à Délos (Grèce), Pompéi et Paestum (Italie)
Jean-Pierre BRUN
Professeur au Collège de France
Dès l'Âge du Bronze au moins, l'usage des parfums, au plutôt des huiles parfumées, a provoqué la mise au point de techniques complexes et a entraîné des flux commerciaux d'importation de matières premières, principalement des aromates, et d'exportation des parfums fabriqués dans des cités orientales, puis grecques et enfin italiques.Les usages du parfum sont bien plus larges dans l'Antiquité que de nos jours. Ils sont utilisés pour la séduction, le bien-être, mais aussi comme médicaments, la pharmacie et la parfumerie n'étant pas distinctes. On les utilisait aussi pour le culte des divinités, notamment pour parer les statues de culte et pour les funérailles, afin de préparer le corps du défunt pour le voyage vers l'au-delà.
Les parfums étaient composés de substances aromatiques et d'une matière grasse, le plus souvent une huile végétale. Tout l'art du parfumeur consistait à capter les odeurs de fleurs, de résines et d'aromates et à les fixer sur la base huileuse par le procédé de l'enfleurage à froid ou à chaud.
L'histoire des parfums est connue en partie par quelques sources telles que Théophraste à la fin du IVe siècle avant J.-C. et Pline au milieu du Ier siècle après J.-C. L'archéologie, quant à elle, fournit d'abondants documents sur le commerce grâce aux flacons qui se multiplient dès l'époque archaïque et grâce à la fouille d'ateliers de parfumeurs à Délos en Grèce, à Pompéi et à Paestum en Italie. Les recherches récentes sur ces thèmes, complétées par des analyses chimiques et des expérimentations, permettent d'interpréter les vestiges des installations comprenant pressoirs, cuves, chaudières et de comprendre la place des parfumeurs dans la société antique.
Mercredi 15 mai 2013
18h30
Hélène CUVIGNY
Directeur de recherche, CNRS, Institut de Papyrologie de Paris IV
La vie quotidienne dans les garnisons romaines du désert Oriental d'Égypte.
Les empereurs romains ont laissé une marque profonde dans le désert Oriental d'Égypte, ouvrant des carrières et favorisant la route égyptienne du commerce érythréen dont le tronçon terrestre reliait la mer Rouge à la vallée du Nil. Le désert s'est ainsi couvert de fortins (praesidia) contrôlant pistes et metalla. Sauf crues des oueds et destructions modernes, leurs dépotoirs ont été conservés jusqu'à nos jours, livrant aux archéologues qui les fouillent depuis 1987 tous les rebuts du quotidien des occupants. Parmi ces détritus, plusieurs milliers d'ostraca grecs et latins, comptes, billets et memoranda divers, tituli sur conteneurs, brouillons, compositions littéraires plus ou moins réussies et surtout lettres privées font revivre jusque dans leur intimité les militaires et les civils qui vivaient dans ces lieux isolés.
Mercredi 22 mai 2013
18h30
Conférence proposée par Site archéologique Lattara
Musée Henri Prades de Montpellier Agglomération à Lattes
Stéphane VERGER
Directeur d'études à l'Ecole Pratique des hautes Études
Directeur de l'UMR 8546 « Archéologie et Philologie d'Orient et d'Occident », CNRS-ENS, Paris
Entre la Méditerranée et l'Europe « celtique », des premiers Grecs en Gaule à l'apogée de la Heuneburg (625-575 avant J.-C.)
A la fin du VIIe siècle av. J.-C., les échanges entre les sociétés protohistoriques de l'Europe tempérée et les grands centres de la Méditerranée occidentale s'intensifient et changent de nature. On explorera la complexité et la diversité des réseaux qui se développent alors entre l'Italie
centrale tyrrhénienne et l'Europe nord-alpine à travers les Alpes, entre les cités grecques occidentales et la Gaule, entre le domaine adriatique et les différentes zones du domaine hallstattien : premières formes d'hospitalité, échanges de matières premières et de produits manufacturés, mobilité d'individus et de groupes, circulations religieuses, transferts idéologiques et artistiques, premières confrontations militaires. On dressera le tableau d'un demi-siècle qui a marqué profondément et durablement les relations entre les « Celtes » et la Méditerranée et forgé les nouvelles conceptions que Grecs et Etrusques se faisaient des confins septentrionaux du monde.
Mercredi 5 juin 2013
18h30
Karl REBER
Professeur d'archéologie classique, directeur de l'Ecole suisse d'archéologie en Grèce, Université de Lausanne - Suisse
Vivre à Érétrie ! Espaces publics et privés dans les maisons classiques et hellénistiques
Les maisons des époques classique et hellénistique à Érétrie sur l'île d'Eubée montrent un plan particulier. Au lieu de construire en hauteur avec
plusieurs étages, les maisons d'Erétrie s'étendent en surface. On distingue une partie principale avec cours en péristyle et pièces de représentations et une partie plus modeste dans laquelle se trouvent les pièces privées. Ainsi, les maisons d'Erétrie correspondent au modèle d'une maison grecque donné par l'architecte romain Vitruve (VI,7,149-151). Dans cette conférence nous présenterons les différents espaces et nous nous interrogeons sur la mode de vie d'une famille érétrienne, comme par exemple celle du philosophe et politicien Ménédème, décrit par Diogène Laërte.
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Source : Site de l'université